"Est-ce que vous avez de la drogue?"
Les passages à la douane
peuvent toujours être propices à l'émergence de situations tellement
pathétiques qu'elles en deviennent comiques (enfin ce n'est pas le cas
systématiquement non plus...)
Je poursuis donc le récit de mon arrivée... Le passage à l'immigration se fait sans souci, et mon visa "touriste"
en poche, je peux donc rester maintenant 90 jours ici avant d'avoir
définitivement trouvé du travail.. Je recupère mes bagages plutôt vite
et m'apprête à sortir de la zone.
De mes 4 entrées sur le
territoire japonais, c'était la première fois par Osaka, les 3 autres
ont systématiquement été par Narita (l'aéroport de Tokyo).
Et jusqu'à maintenant les douaniers tokyoïtes ont été très peu
regardants quant à mon passage par chez eux (ceux de l'immigration
c'est l'inverse).
J'ai donc découvert ce qu'est un contrôle douanier digne de ce nom.
Mademoiselle
la douanière me voit arriver, et me demande, en anglais, mon passeport,
et mon billet de retour (que je n'ai pas pour ceux qui ont suivi et lu
l'épisode à Roissy). Puis elle me demande ce que je viens faire au
Japon. Je réponds, -en japonais, ça dissipe les malentendus et apporte
un peu plus de détente à l'interrogatoire-, que je viens ici pour
chercher du travail.
1ère boulette, j'ai mal choisi mes mots, et
après 20 heures de voyage, 2 heures de sommeil en 24 heures et 7 de
décalage horaire, je vois cette charmante demoiselle tilter... "Vous savez que c'est illégal de travailler sans visa de travail??!!" Ah, oui je sais, mais je viens pas chercher pour travailler tout de suite... Re-tilt...
Bon je me re-exprime, et là l'éclair de génie, le mot adéquat me revient: "就職活動!" - shushoku katsudo lui réponds-je, mi-énervé, mi-désespéré...
Le soulagement, elle se décrispe, me sourit... et passe aux choses sérieuses: "Est-ce que je peux voir votre valise, s'il vous plaît?" Bien sûr.
Elle
jette un coup d'oeil, discute un peu avec moi, où j'ai appris le
japonais, combien de fois je suis venu... etc... et dans le fil de la
circulation me lance un: "Est-ce que vous avez de la drogue?"
Interloqué, je la regarde, elle me re-dit cela en anglais.. Bah non
bien sûr... J'ai toujours été destabilisé par ce type de questions. Qui
serait assez idiot pour répondre oui...
Elle jette un dernier coup
d'oeil, et d'un coup, comme ça, roule sous ces yeux un pot en verre
avec de l'herbe verte coupée dedans...
Re-boulette: "et ça c'est quoi???" C'est vrai que pour le douanier, ce qui est vert, en feuilles, est presque forcément de la Marijuana. C'est du persil coupé spécial cuisine, mademoiselle... "Ah bon? faites moi sentir ça."
Je m'exécute, et à cet instant elle n'est pas convaincue du tout, ça se
voit à sa tête. Elle sent, me regarde, re-sent, me re-regarde,
re-re-sent, et me re-re-regarde...
Silence....
"Moi aussi j'aime bien cuisiner"
me lance-t-elle d'un ton enjoué qui tranche avec son discours... Je
pousse un grand ouf de soulagement... Car après être passé pour un
pseudo-terroriste à Roissy, je me serai passé d'une nouvelle embrouille
de pseudo-trafiquant à Osaka...
"Bon Séjour, Monsieur!" Merci, mademoiselle...
Je passais les portes.. Ça y est, j'y étais...