Japoniaiserie du jour: "OSS 117 Atout coeur à Tokyo"
Un rapide passage en France permet
toujours à un français vivant au Japon de se refaire à l'idée que ses
compatriotes d'origine (les frenchies) ont de ses nouveaux compatriotes
aux yeux bridés...
Passés les clichés fourre-tout (appareils photos
en bandouillière, Bioman, Pokemon, Hirohito, les sacs Vuitton et j'en
passe...) il y a certains témoignages qui restent.
Et ce soir, plus par curiosité que par réel intérêt cinématographique, je me suis laissé tenter par un film d'espionnage à la française, vieux de 40 ans: "OSS 117 Atout coeur à Tokyo".
Par où commencer...
L'action est
censée se dérouler à Tokyo donc.. mais l'oeil avisé s'aperçoit tout de
suite de l'incongruité du montage et de l'absence de cohérence des
scènes...
Ainsi,
on se fait plaisir à voir l'aéroport d'Haneda,
alors seul aéroport international à une époque où Narita n'était encore
que dans les cartons des architectes. Les voitures roulent dans un lieu
censé être Tokyo, mais les routes sont sinueuses comme l'arrière-pays
provençal et l'on débouche sur le lac d'Hakone. Une course-poursuite
incensée (= à 2 à l'heure, Derrick accroche-toi !) nous conduit direct
du Ginza encore lumineux, aux bords de la Kamogawa à Kyoto, le tout en
deux plans de coupe mal ficelés.. Une villa proche de Nagasaki s'avère
en fait être celle de la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence. Une
discussion entamée dans un bar à hôtesses
de Tokyo se termine tranquillement sur le trottoir, mais à Dotonbori,
en plein centre-ville d'Osaka...
Bref,
ce film est bourré d'incohérences tant géographiques que scéniques.
Notre bon bougre d'OSS 117 rentre partout avec ses chaussures (même sur
les tatamis, sacrilège!), mais on lui évite le repas aux baguettes. Il
arrivera même à échapper à un combat mains nues contre sabre avant de
pendre son ennemi au bout d'un fil téléphonique (sans jeu de mot...).
Assez
affligeant, ce film est au choix un navet, ou alors un bijou pour
amateur
d'espionnage 60's kitsch... L'intrigue est plate, les dialogues pas
terribles, les acteurs (le rôle titre est joué par un ancien
représentant en produits pharmaceutiques, tout un programme...) assez
affligeants, le tout dans une mélasse qui
rappelle à peine un sous James Bond de série Z...
Quel intérêt
alors pour moi d'en parler ici?
Et bien surtout parce que
ce film a été tourné en grande partie au Japon, en 1966, et que cette
atmosphère de l'époque, celle qui se ressent du brushing des actrices à
l'architecture des buildings du Japon des Sixties, il n'y a plus que le
cinéma pour l faire encore vivre...
Mais à tout faire, je vous conseille quand même un vrai bon film à la place, à savoir "On ne vit que deux fois - (You only live twice)",
un James Bond, de 1967 cette fois.. Même ex(r)otisme sixties, même
évocation rétro du Japon, mais surtout Sean Connery au pistolet, et
John Barry pour la réalisation de la B.O., un bijou du genre...