Cités: Images d'un autre Japon
Je ne vais pas tenté ici de faire de polémiques à l'heure où la France connaît ses émeutes urbaines. Je relève néanmoins un point dans l'argumentation faite autour des causes déclencheuses. En mettant de côté les causes diverses invoquées (chômage, précarité, racisme institutionnel et/ou policier...), je préfère me concentrer sur la question de l'habitat, et des conditions d'habitation.
Le Japon est souvent vu de l'extérieur via ses grandes tours de Shinjuku, ou bien au prisme de ces maisons traditionnelles que l'on voit encore en campagne ou dans les rues de Kyoto. Les japonais décrètent qu'un batîment est vieux dès qu'il a dépassé l'âge de 20 ans, et souvent, on l'abat pour y reconstruire soit un immeuble de 10 étages, soit un parking payant. Ce qui fait qu'une balade dans une grande ville japonaise moyenne donne le sentiment d'être dans une ville nouvelle, comme j'en ai encore eu l'impression à Fukuoka il y a une semaine.
David, sur son blog, a
souhaité donner une image de ce que l'on pourrait appeller une "cité"
japonaise. Sans comparaison avec ce que l'on a en France, elles ne
correspondent qu'en terme strictement d'urbanisme.
Mais bizarrement,
c'est à moins de 70 mètres de chez moi que je suis tombé sur l'un des
pires ensembles urbains que j'ai eu à croiser au cours de mes voyages
nippons:
Quelques "incivilités" comme on dit:
Et la surprise du chef:
Cet ensemble résidentiel est loin d'être unique au Japon. Car certes même si quasiment tout le monde appartient à la classe moyenne (le vieux rêve communiste que seule la société de consommation japonaise a pu atteindre) il existe aussi des familles en difficulté, des célibataires sans le sou, sans évoquer les désormais célèbres SDF et leurs bâches bleues reconnaissables dans tous les parcs.
Un loyer ici coûte (je
me suis renseigné, un vrai journaliste de terrain le Massiou) environ
20.000 Yens soit à peine 150 euros. Et les habitants sont à l'image du
lieu... Quelques "ヤンキー" Yankees, un type de personnage bien nippon,
comme un mélange du beauf et de la racaille (zut! mot interdit)... Des
Yakuzas du bas de l'échelle, des freeters teufeurs comme ceux que l'on
croisent à Shijo à 4 heures du mat en train de frimer à passer de la
techno à fond dans la rue... Et puis des vieilles dont la retraite est
trop maigre, des mères célibataires, des chômeurs...
Les pouvoirs
publics? on les voit pas trop... Ici c'est pas Shibuya ou Shinjuku avec
ses kobans (poste de police de proximité) tous les 400 mètres. Je ne
sais même pas où est le mien...
Mais alors pourquoi est-ce que
ça ne pète pas ici aussi? parce que certes c'est moche, c'est
insalubre, les gens sont pauvres, mais le quartier est en
renouvellement constant, témoin cette autre photo prise à 100 mètres:
Ca s'appelle de la mixité sociale... Un truc à peut-être essayer en France, non? ... (aïe, j'ai parlé politique...)