Shintaro Ishihara, gouverneur fascisant de Tokyo
Il n'y a personne que j'exècre autant que le gouverneur de Tokyo, Shintaro Ishihara...
Il
commence à être mondialement connu pour ses frasques et ses dérapages
verbales qui pour moi ne le distinguent plus vraiment d'un Jean-Marie
Le Pen ou d'un Vladimir Jrinovski.
Un bref rapide rappel des "bons mots" de monsieur Ishihara:
- "En cas de tremblements de terre, pensez à vous méfier des coréens et des chinois, ils seront les premiers à profiter de la panique vous voler"
- "La langue française est en recul, et ce n'est pas étonnant. C'est l'une des moins pratiques pour les mathématiques. Regardez, pour dire 90, il faut dire 4 puis 20 puis 10... Ça n'a pas de sens..."
J'aurai bien aimé donner comme référence le lien de Wikipédia à son sujet, mais pour l'avoir lu il y a cinq minutes, c'est tout simplement un tissu de mensonge, incomplet et tendancieux, en gros une oeuvre de glorification comme on en écrirait pour Kim Jong-IL
Pourquoi m'énerve-t-il aujourd'hui donc plus qu'hier (et sûrement moins que demian...) ?
Parce qu'il a remis le couvert hier à la Fondation de Cartier, et ce dans un registre digne des plus grands populistes et fascistes du XXème siècle. Sa cible: l'Art Contemporain.
L'article de Libération très complet à ce sujet en fait un excellente description:
....
"Mille cinq cents Japonais, des people et non des moindres, ont
été conviés à la cérémonie d'ouverture de l'événement culturel le plus
chaud et le plus décalé du printemps. Préparée depuis un an par les
équipes parisiennes et tokyoïtes de Cartier, l'exposition «Collection de la Fondation Cartier pour l'art contemporain au Musée d'art contemporain de Tokyo»
[...]
C'est au maire de Tokyo, Shintaro Ishihara, 73 ans, que revient l'honneur d'inaugurer l'événement. A ses côtés, Bernard Fornas, le président de Cartier international, Seiichiro Ujiie, le directeur du MOT et Hervé Chandès, le directeur de la Fondation Cartier.
[...]
Face au parterre d'invités, le maire fait en effet son numéro. Il a
décidé de tout gâcher. Sans prendre de gants, il dénigre l'art
contemporain, qu'il associe bêtement à un art exclusivement occidental.
Hautain, impoli au point de tourner le dos à ses hôtes, usant d'un ton
péremptoire et d'un vocabulaire alambiqué, Ishihara attaque de front
l'exposition, tout juste découverte lors d'une visite guidée qui l'a
visiblement barbé.
«En venant ici, je m'attendais à voir de grandes choses, dit-il. Or, je n'ai en fait rien vu.»
Jamais auparavant, à Tokyo, une exposition d'art contemporain n'avait
pourtant réuni autant de signatures: trente-deux artistes de douze
nationalités, du Congolais Chéri Samba au Français Jean-Michel
Othoniel, de l'Irlandais James Coleman à l'Américain Dennis Oppenheim,
de l'Italien Alessandro Mendini à l'Américaine Liza Lou, qui voit dans
l'événement un «Nations unies de l'art». Acheminées par avion
cargo et bateau, au gré de polices d'assurance incalculables, ce sont
toutes des oeuvres acquises depuis vingt ans par la Fondation.
[...]
«L'art contemporain ici exposé, ajoute-t-il, est ridicule.» [...] «L'art contemporain qui a besoin d'être expliqué est nul» répète-t-il, avant d'asséner: «La culture japonaise est plus belle que la culture occidentale.»
[...]
.....
Ces
propos ont extrêmement du mal à passer chez moi, car ils symbolisent au
plus haut point la caricature même du fasciste, et ce au sens
historique du terme.
Car Mussolini, et Hitler à la même époque n'ont
cessé de remettre en cause de critiquer ce qu'il appelait "l'Art
dégénéré", celui des peintres des années 20, du Cubisme et de Picasso,
d'une idée plus expressionniste de la peinture. Les soviétiques par la
suite ont repris le flambeau.
Et que ce soit en Italie, en
Allemagne, en URSS ou dans tous les pays totalitaires (socialistes ou
non), l'idée de ce qu'était l'Art était officielle et ce qui était hors
cadre ne valait rien, était "nul", et surtout déviant de la culture
originelle des peuples (qu'il soit aryen ou soviétique..).
Comment
ne pas faire le parrallèle entre cette époque, ces mots, et notre
époque et les mots de Ishihara. L'idée même d'une dominance d'une
culture sur une autre est à la source de tous les antagonismes des 100
dernières années: Nationalismes, Colonisations, Exterminations
culturelles et/ou ethniques, Rascisme...
Le problème avec Ishihara, c'est qu'il est tout sauf stupide. Il est même brillant intellectuellement. N'a-t-il pas remporté le Prix Akutagawa
en 1955, l'équivalent du Goncourt au Japon?
Il sait que ces dérapages
lui servent, car il ne franchit jamais vraiment la ligne jaune, se
justifie toujours et flatte l'ego de ces concitoyens avec un populisme
à la Papa...
Sa victime précédente était d'ailleurs Mickey Mouse.
Pourquoi? "car il n'a pas la sensibilité qu'ont les personnages des dessins japonais. Je le hais."
Une remarque à la hauteur du personnage..
Aujourd'hui,
en tout cas, j'ai une raison de plus (une énième...) à pousser ma douce
et tendre à s'inscrire sur les listes électorales une fois emménagée à
Tokyo.
Ishihara dehors, la meilleure chose qui pourrait arriver
au Japon... (sauf gagner la Coupe du Monde peut-être, mais ça c'est une
autre histoire..)